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La contagion émotionnelle,
c’est grave docteur ?

« Les émotions sont contagieuses comme des virus » affirme Christophe Haag, chercheur en psychologie sociale, spécialiste de l’intelligence émotionnelle et donc de la contagion émotionnelle.  

Ces derniers mois, les entreprises sont passées au scan de la résilience face à un épisode virologique inédit, au sens médical du terme. Mais qu’en est-il de leur capacité à gérer la diffusion des émotions, quelles qu’elles soient, au sein des équipes ? En tant que manager ou collègue, êtes-vous capable d’identifier les situations de contagion négative qui peuvent plomber l’atmosphère de travail ? Cultivez-vous personnellement et collectivement des rituels positifs pour enclencher une dynamique de contagion positive ? 

 

Qu’est-ce que c’est que ces histoires de contagion émotionnelle ? De quoi parle-t-on ?

La contagion émotionnelle renvoie à la diffusion des émotions d’un individu à un ou plusieurs autres. Ce type de transfert – mis en évidence scientifiquement chez l’homme dans les années 2010 – s’explique par la présence de neurones dits « miroirs » dans notre cerveau, qui capturent l’action de la personne et la reproduise inconsciemment. Ce processus de contagion émotionnelle est profondément ancré dans nos gènes et nous permet de nous adapter socialement à notre environnement. Si l’un ou l’une de mes collègues me montre des signes de tristesse (épaules qui tombent, débit de parole lent, voix basse, teint pâle…), je vais avoir tendance à baisser à mon tour la voix, à ralentir ma prise de parole pour me synchroniser avec lui ou elle. Ce phénomène peut également se produire à distance par le biais d’image, de messages, de sons. Entendre la voix d’un collègue dans une autre pièce peut déjà impacter notre humeur et jouer sur l’atmosphère de travail, dans un sens comme dans l’autre.

 

Un bon râleur en fait râler 7 !

La contagion émotionnelle en elle-même n’est ni positive ni négative, puisqu’elle désigne seulement ce mécanisme de « diffusion » des émotions. Là où les choses se compliquent, c’est lorsque ce transfert émotionnel concerne des émotions dites « négatives » : la colère, la peur et la tristesse pour ne citer qu’elles. En effet, comme le souligne le psychologue Rick Hanson, notre cerveau agit comme un Velcro sur les émotions « négatives » et comme du Téflon sur celles dites « positives ». Non seulement notre cerveau mémorise 3 fois plus vite une expérience négative que positive – c’est la vitesse de conscientisation – mais, en plus, ces émotions « négatives » restent ancrées plus longtemps en nous et sont plus contagieuses. Par conséquent, à temps égal, l’énergie pompée par les émotions négatives est plus significative que les bienfaits liés à une émotion comme la joie.

Prenons un exemple concret avec la colère ; il faut une heure à votre système immunitaire pour évacuer la production de cortisol – qui attaque vos neurones – générée par une minute de colère… Réfléchissez donc à deux fois avant de vous installer à côté d’un collègue en train de se plaindre, vous risquez d’y laisser une bonne partie de votre énergie, ou de vous mettre à râler à votre tour !  

 

L’intelligence émotionnelle comme voie de secours

Que puis-je faire dans mon cadre professionnel, pour me prémunir des méfaits de cette contagion émotionnelle ? Éviter l’autre ? Lui en parler ? Me rendre imperméable à ses émotions ? Malheureusement, aucune solution (hydroalcoolique) miracle n’existe pour vous protéger d’un collègue qui projette des mauvaises ondes. 

En revanche, l’excellente nouvelle, c’est que vous avez toutes les cartes en main pour développer votre intelligence émotionnelle. Et chez Cinaps, nous vous donnons de nombreuses pistes concrètes pour y parvenir !

  • Apprenez à détecter vos propres émotions et celles des autres – c’est le cœur de l’intelligence émotionnelle telle qu’elle est définie par Daniel Goleman au milieu des années 1990. Scannez-vous vous-même pour mieux manager votre équipe !
Cinaps propose un accompagnement sur connaissance de soi, pour découvrir l'offre c'est ici
  • Développez une communication assertive et positive dans vos rapports avec vos collègues. Cela permettra d’exprimer votre propre besoin tout en respectant l’émotion de l’autre (et inversement) dans une approche constructive et congruente.
Cinaps propose une formation sur la communication positive, pour plus d'information, cliquez ici.
  • Multipliez les moments positifs, de partage par des rituels dynamiques et conviviaux. Par exemple, osez des ice breakers créatifs, visuels ou dynamiques comme un photolanguage, un « Qui a fait quoi ? », le « Dessine moi une pomme », ou encore une météo du jour à partir de cartes Dixit… Ce ne sont pas les idées qui manquent !

En conclusion, dans nos environnements hyperconnectés, nous vivons quasiment en temps réel les grandes émotions de notre monde. En plus de cela nous partageons nos émotions avec davantage de personnes et à une fréquence plus élevée par les réseaux sociaux et leur fameux … émoticônes !

Dans cette configuration le risque de surcharge émotionnel est prégnant. Délimitez vos propres « sas émotionnels » pour réussir à vous reconnecter et comprendre ce que vos émotions ont à vous dire, c’est là que se trouve la clé ! Que ce soit par des techniques de respiration, une reconnexion à la nature ou votre propre petit rituel… écoutez ce que vous dit votre cerveau.

A titre personnel, vous en bénéficierez au niveau de la gestion de votre stress, de votre estime personnelle, et de vos prises de décision. Mais surtout, vous serez en mesure d’analyser avec plus de lucidité et de finesse les émotions négatives ou positives que vivent vos collègues. À vous de tout faire pour alimenter davantage le mécanisme vertueux de la contagion positive plutôt que de vous battre à corps perdu contre le cercle vicieux de la contagion négative. Sacré challenge.

Et lorsque vous croiserez votre collègue dans la plainte, rappelez-vous ces propos de Ganhdi : « Nul ne peut me blesser sans ma permission ».