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L’innovation : une irrésistible question de survie

Innover : juste pour le plaisir ?

Il y a 5 ans, la mondialisation aurait été LA priorité des décideurs. Aujourd’hui, elle a laissé la place à l’innovation, devenu le principal levier de croissance. Face à l’incertitude, à la digitalisation et aux nouvelles formes de concurrence, nous sommes bien entrés dans l’ère de l’innovation comme donnée stratégique.

Selon la Commission Européenne, les entreprises ayant innové sur les 3 dernières années ont eu une croissance de 10% en moyenne de leur CA contre une baisse de 3% pour celles qui n’ont pas innové. L’innovation permet donc à une entreprise de démultiplier sa croissance. Mais elle est aussi devenue le moyen par excellence de transformer les entreprises existantes pour une meilleure absorption des révolutions en cours, et notamment celle du digital.

L’innovation ne se contente plus d’être le « petit + »,  qui consistait à avoir de bonnes idées pour viser une meilleure rentabilité : c’est devenu une question de SURVIE visant à la fois à protéger ses parts de marché ou sa raison d’être et à apporter un avantage concurrentiel reposant sur la capacité à satisfaire les besoins de la clientèle ou des usagers, à répondre à leurs priorités, et ainsi à devancer les offres des concurrents, potentiels ou existants.

L’Innovation dans l’entreprise : un monde infini de possibilités

De nombreuses innovations (50,98% selon
 l’OCDE) n’intègrent aucune dimension technologique ! Au-delà des innovations produit / service portées par les experts, l’innovation s’est introduite dans le quotidien et dans les différents rouages des entreprises, à l’échelon local. L’objectif : développer de nouvelles méthodes de travail, fluidifier les organisations, améliorer les relations interprofessionnelles, etc.

Bien sûr, innover, cela peut être améliorer l’efficacité opérationnelle en diminuant les coûts de production, mais c’est aussi stabiliser les ressources humaines et améliorer les compétences car les collaborateurs apprennent alors de nouvelles façons de collaborer entre eux ou d’agir vis-à-vis des clients ou usagers. Cela implique souvent un plus grand respect des différents points de vue, qui, sur le terrain, se traduit par une plus grande satisfaction client.

Ces innovations peuvent aussi représenter des sources de motivation et d’engagement pour les collaborateurs, qui trouvent là des clés pour se réaliser personnellement et professionnellement en contribuant pleinement à leur mission.

L’innovation par tous, pour tous : la juste-innovation au quotidien

Si son impact est considérable à long terme, il est toutefois important de garder à l’esprit que l’innovation est souvent modeste et progressive. Elle n’est pas toujours exceptionnelle, ni forcément originale, ni nécessairement complexe. On parle de « juste-innovation » : c’est avant tout un processus pragmatique de facilitation quotidienne du changement et de recombinaison de l’existant. L’innovation n’est pas un éclair de génie, c’est une discipline organisationnelle, un cercle vertueux où chaque partie prenante peut être contributrice.

De fait, l’innovation devient plurielle, se construisant sous des formes de toutes natures. On est de moins en moins dans le modèle de la R&D intégrée. Ce qui est différent dorénavant, réside dans la volonté d’apporter non plus quelque chose de radicalement nouveau, mais bien plus d’innover dans les pratiques organisationnelles, managériales et dans la collaboration entre individus. On se situe plus dans l’innovation incrémentale, étape par étape que dans les ruptures. Il s’agit de conduire la juste-innovation pour innover juste ce qu’il faut et répondre aux défis de performance et aux aléas du moment afin de rester aligné sur sa trajectoire.

Selon une enquête du PDMA (structure d’échanges transverses entre professionnels de l’innovation), les entreprises qui ont déployé une vraie méthodologie d’innovation (24% des entreprises) réussissent à concrétiser une idée sur quatre proposées, contre une sur neuf pour les autres.

Créativité et innovation : la tête et les jambes

On constate depuis plusieurs années une confusion sémantique entre la créativité et l’innovation. De façon un peu caricaturale, nous pourrions dire que si être créatif, c’est avoir des idées, être innovant, c’est mettre ces idées en œuvre.

Les collaborateurs de l’entreprise peuvent regorger d’idées de produits ou d’améliorations de leurs façons de faire, mais la mise en œuvre de ces idées supposera très souvent d’associer plusieurs expertises et de travailler en mode projet. Ainsi, on peut être créatif seul, mais c’est en équipe qu’on innove.

Alors que la créativité relève de la réflexion, l’innovation relève de l’action. La créativité est affaire de processus mentaux et émotionnels, l’innovation est affaire de management : il s’agit de passer à l’acte, de faire en sorte que les idées nouvelles ne soient pas tuées par l’organisation, ses routines, ses contraintes et ses enjeux de pouvoir. Bien entendu, il faut s’assurer d’un flux d’idées nouvelles pour irriguer le processus d’innovation. Cependant, se cantonner à la créativité, c’est rester dans la théorie, alors que l’innovation est une pratique. L’innovation est un passage à l’acte pragmatique et collectif. Elle relève de la responsabilité de chacun.

Finalement, l’innovation est devenue une question de survie, oui, mais c’est également un magnifique et gigantesque terrain de jeux, aux possibilités infinies. Innover, c’est, de décision en décision, transformer les idées en succès.

Alors n’hésitez plus, aidez vos managers et collaborateurs à devenir de véritables innov’acteurs !