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Les 4 accords toltèques : la sagesse antique au service du management

Depuis sa parution en 1997, les « 4 accords toltèques » de Don Miguel Ruiz se classent chaque année parmi les meilleures ventes en matière de développement personnel. Ces principes de vie hérités des toltèques (un ancien peuple amérindien) peuvent sembler évidents et pourtant, à une époque où les recruteurs s’attachent de plus en plus aux « soft skills », ils trouvent un écho particulier en entreprise.

Leur dimension grand public ne les rend pas moins pertinents dans l’univers professionnel de par leur universalité et leur sagesse. Voyons tout de suite de quelle façon ils peuvent résonner avec le management.

Premier Accord : « Que ta parole soit toujours impeccable »

« Au commencement était le Verbe » : dans son ouvrage, Don Miguel Ruiz reprend ce passage de la Bible et insiste sur le pouvoir créateur des mots. Le premier accord nous invite à être conscient de ce pouvoir et à être vigilant à la façon de l’utiliser. Une parole impeccable c’est :

  • dire ce que l’on pense vraiment.
  • ne pas mentir ni médire.
  • ne pas colporter de ragot.
  • ne pas manipuler ou chercher à nuire par les mots.

Il peut être difficile à appliquer au quotidien dans des environnements compétitifs où chacun cherche à tirer son épingle du jeu. Comme il est tentant, à la machine à café, d’échanger sur les derniers potins ou de commenter le travail d’un collègue en des termes peu élogieux. Pourtant, une parole impeccable témoigne d’une posture de leader honnête et intègre. Elle se traduit par la capacité à se montrer assertif (dire ce que l’on pense en préservant la relation), bienveillant dans ses paroles, à donner du feedback positif et à faire preuve de discernement. Par cette exemplarité, le manager s’assure la confiance et l’adhésion de son équipe.

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Second Accord : « Quoi qu’il arrive, n’en fais pas une affaire personnelle »

L’un des principes de base de la pensée des toltèques c’est que chacun voit le monde, les événements, les personnes qui l’entourent d’une façon qui lui est propre. Autrement dit : nous créons notre propre réalité. Tout ce qui nous nourrit depuis notre naissance (nos repères culturels, relationnels, familiaux, religieux, sociaux ) construit notre vision du monde. Ainsi, ce que chaque individu pense, exprime et fait correspond à sa vision singulière. Y compris ce qu’il pense et dit de moi.

Se détacher du regard de l’autre c’est cesser d’exister selon une image qui n’existe que dans son esprit. Tous ses jugements, négatifs ou positifs, influencent notre perception de nous-même. Ils sont donc source de souffrances car nous les acceptons comme des vérités qui blessent notre ego.

Cesser de prendre les choses personnellement c’est apprendre à séparer notre fonction de notre identité. En tant que manager, on peut se sentir attaqué, blessé dans notre orgueil par les mécontentements exprimés par notre équipe ou les remarques de nos supérieurs.

Si un collaborateur vous dit « Il n’y a pas une bonne communication dans l’équipe, on perd un temps fou à chercher de l’info parce que rien ne circule », n’êtes-vous pas tenté de le prendre pour vous et d’y voir une attaque sur votre façon de manager l’équipe ? En appliquant le second accord toltèque, vous ne vous sentez pas « piqué au vif » par ce type de remarque, mais vous pouvez la prendre pour ce qu’elle est : une remarque sur la dynamique d’équipe qui mérite votre attention de manager !

Troisième Accord : « Ne fais pas de supposition »

Cet accord n’est pas évident à appliquer mais il peut à lui seul vous changer la vie. Nous passons notre temps à faire des suppositions : « Il ne me rappelle pas, c’est qu’il m’en veut », « elle est arrivée en retard, c’est qu’elle n’est pas investie dans son travail », « ça fait une heure qu’il discute avec le directeur : il essaye d’obtenir une promotion», « les résultats trimestriels sont moins bons, ma tête va sauter»… Toutes ces hypothèses que nous faisons sont, comme pour le second accord (d’ailleurs les deux sont très liés), le fruit de notre vision du monde et n’existent finalement que dans nos pensées.

Les suppositions peuvent être un véritable poison : source de conflits, malentendus, erreurs de jugement. En tant que manager, il est essentiel de s’en libérer et de les lever au sein de l’équipe car elles peuvent représenter une sérieuse nuisance en termes de climat social, de dynamique d’équipe et de motivation. Le cerveau humain a horreur du vide et cherchera toujours à combler les zones d’ombres avec des hypothèses.

Le manager a donc un rôle essentiel à jouer et les outils de la communication seront sa meilleure arme : donner du feedback à ses collaborateurs, aller chercher l’information et la transmettre de façon transparente, exprimer sa propre vision des choses (mais de façon impeccable – cf 1er accord) : ces comportements managériaux permettront de lever le voile des suppositions et de contribuer à donner du sens et une vision juste aux collaborateurs.

Quatrième Accord : « Fais toujours de ton mieux »

Ce quatrième accord nous rappelle la valeur de l’engagement bien sûr mais il nous invite surtout à nous montrer indulgent envers nous-même.

Beaucoup de pression repose sur les épaules du manager dont on attend souvent d’être exemplaire, infaillible, irréprochable. Il s’agit d’une vision figée de l’humain l’assimilant à une machine programmée pour effectuer sa mission de manière totalement uniformisée, tous les jours jusqu’à l’obsolescence.

Or l’erreur est humaine. Il y a des jours avec, des jours sans, parfois on peut se sentir particulièrement performant, parfois on n’est « pas dedans » : l’important c’est de toujours faire de son mieux et de se souvenir que le « mieux » d’aujourd’hui n’est pas le même que celui d’hier ou de demain.

Quelques pistes à explorer pour viser l’amélioration continue plutôt que le perfectionnisme sclérosant :

  • Voir nos erreurs comme une opportunité d’apprentissage.
  • Ne pas rester bloqués sur nos échecs mais essayer d’en comprendre les causes pour ne pas les reproduire.
  • Apprendre à s’écouter un peu plus et accepter d’être parfois moins performant, moins créatif, moins accueillant, moins disponible (vous le serez plus demain !).
  • Ne pas hésiter à poser ses limites de façon ferme et bienveillante.

Bien que cela semble simple au premier abord, appliquer les 4 accords toltèques au quotidien n’est pas une sinécure car ils challengent des formatages souvent ancrés depuis notre enfance et acceptés par la société : échanger des ragots permet de s’intégrer, prendre les choses personnellement c’est prendre en compte l’avis des autres ou faire des suppositions permet d’anticiper les événements.

Pour les toltèques, ces comportements sont en réalité des filtres qui déforment la réalité. En faisant de notre mieux pour appliquer les 4 accords au quotidien, nous nous libérons de nos pensées limitantes et nous ouvrons de nouvelles perspectives. Ils permettent d’établir des relations saines avec notre entourage (professionnel comme personnel) en nous évitant malentendus et conflits et de porter un regard plus serein sur ce qui arrive dans notre vie.

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